En référence au « Chien de Montargis » (voir la légende plus bas), un jury sélectionné parmi des professionnels de la culture et du dessin, ainsi que des personnalités locales et régionales, récompensera quatre albums par l’attribution d’un prix et d’un trophée symbolisé par un os.
Les trophées et les prix sont remis le samedi à la fin de la première journée, après réunion du jury.
Les trophées
- le MEDOR (suprême)
- le BOBBY (dessin)
- le TARZAN (scénario)
- le REX (création)
Prix spécial décerné à Bruno Le Floch
Remis à Brieuc Le Floch et Brieg Haslé, lors de la quatrième édition du festival pour l’ensemble de sa carrière.
La légende du chien de Montargis
Il y avait un nommé Aulicus, qui aurait été archer des gardes du roi Charles V, et qu’on pensait plutôt gentilhomme. C’était, selon quelques historiens, le chevalier Macaire, qui était envieux de la faveur que le roi portait à un de ses compagnons, nommé Aubry de Montdidier. Il l’épiait si souvent qu’un jour il l’attrapa dans la forêt de Bondy, accompagné seulement de son chien, et trouvant l’occasion favorable pour le tuer et l’enterrer dans la forêt. Il se sauva après le coup, et revint à la cour en faisant bonne mine.
Le chien, de son côté, ne bougeait pas d’auprès de la fosse où son maître avait été déposé sauf lorsque la faim le contraignait de venir à Paris où le roi était, demander de la pitance aux amis de feu son maître ? C’est tout repu, qu’il s’en retournait au lieu où le misérable assassin avait enterré son maître. Continuant bien souvent cette façon de faire, quelques gens qui le virent aller et venir tout seul, hurlant et plaignant, et semblant, par des abois extraordinaires, vouloir découvrir sa douleur et déclarer le malheur de son maître, le suivirent dans la forêt en observant exactement tout ce qu’il faisait, virent qu’il s’arrêtait sur un lieu où la terre avait été fraîchement remuée. Ce qui les obligea de fouiller. Ils trouvèrent le corps mort, lequel fut honoré d’une plus digne sépulture, sans pouvoir découvrir l’auteur d’un si exécrable meurtre.
Ce pauvre chien était demeuré auprès de parents du défunt, et un jour qu’il le suivait, il aperçut fortuitement le meurtrier de son premier maître, et l’ayant choisi au milieu de tous les autres gentilshommes on archers, l’attaqua avec une grande violence, lui sauta au collet, et fit tout ce qu’il put pour le mordre et pour l’étrangler. On le battit, on le chassa ; il revenait toujours. Et quand on l’empêchait d’approcher, il se tourmentait et aboieyait de loin, adressant des menaces dans la direction d’où s’était sauvé l’assassin. Comme il continuait ses assauts à chaque fois qu’il rencontrait cet homme, on commença à soupçonner quelque chose du fait, d’autant que ce pauvre chien n’en voulait qu’au meurtrier, et ne cessait de lui courir après pour en tirer vengeance.
Le roi étant averti par quelques uns des siens de l’obstination du chien, qui avait été reconnu appartenir au gentilhomme qu’on avait trouvé enterré et meurtri misérablement, voulut voir les mouvements de cette pauvre bête. L’ayant donc fait venir devant lui, il commanda que le gentilhomme, soupçonné, se cachât au milieu de tous les assistants qui étaient en grand nombre. C’est alors que le chien, avec sa furie accoutumée, alla choisir son homme entre tous. Et comme s’il sentait que la présence du roi fut favorable, il se jeta plus furieusement sur lui, et par un pitoyable aboiement, il semblait crier vengeance, et demander justice à ce sage prince.
Le roi fit venir devant soi le gentilhomme, et l’interrogea. Il le pressa de dire publiquement la vérité sur ce que le bruit commun, et les attaques et aboiements de ce chien, qui étaient comme autant d’accusations, le désignait coupable. Mais la honte et la crainte de mourir par un supplice honteux, rendirent tellement obstiné et ferme le criminel dans la négative, qu’enfin le roi fut contraint d’ordonner que la plainte du chien et la négative du gentilhomme se termineraient par un combat singulier entre eux deux, par le moyen duquel Dieu permettrait que la vérité soit reconnue.
Ils furent mis tous les deux dans une arène, comme deux champions, en présence du roi et de toute la cour : le gentilhomme armé d’un gros et pesant bâton, et le chien avec ses armes naturelles, ayant seulement un tonneau percé pour sa retraite, pour faire ses relances. Aussitôt que le chien fut lâché, il n’attendit pas que son ennemi vînt à lui ; il savait que c’était au demandeur d’attaquer ; mais le bâton du gentilhomme était assez fort pour l’assommer d’un seul coup, ce qui l’obligea à courir çà et là tout autour de lui, pour en éviter la pesante chute. Mais enfin tournant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il prit si bien son temps, que finalement il se jeta d’un plein saut à la gorge de son ennemi, et s’y attacha si bien qu’il le renversa à terre, et le contraignit à crier miséricorde, et supplier le roi qu’on lui ôtât cette bête, et qu’il dirait tout. Sur quoi les escortes du camp retirèrent le chien, et les juges s’étant approchés par le commandement du roi, il confessa devant tous qu’il avait tué son compagnon, sans qu’il y eût personne qui l’eût pu voir que ce chien, duquel il se confessait vaincu.
Auteur anonyme.